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Coronavirus has no race.

L’Eglise et le coronavirus

9 mars 2020

 

L’Eglise doit-elle prendre des dispositions face à la propagation du coronavirus ? Des fidèles se posent la question. L’abbé Stéphane Seminckx propose quelques réflexions à propos d’idées qui circulent actuellement.

 

Certains pasteurs disent qu’il ne faut pas « s’assujettir au principe de précaution qui semble mouvoir les institutions civiles » et n’entendent donc pas « édicter de consignes particulières ». Ils dénoncent notre « rapport faussé à la réalité de la mort ».

Il est bon de signaler qu’il ne faut ni céder à la panique ni prendre des mesures disproportionnées. Il est bien de faire observer que dans un monde sans Dieu, la perspective de la mort suscite une peur démesurée. Il faut bien entendu rappeler que, face au danger et à la mort, le chrétien doit conserver une vision de foi.

Mais je ne pense pas qu’un responsable d’Eglise puisse refuser d’appuyer les institutions civiles dans la prévention d’une pandémie. Il faut se rendre compte du danger et prendre la mesure de sa responsabilité envers les fidèles. Le coronavirus tue et, à moins que je ne me trompe, il me semble qu’en vertu du principe de séparation de l’Eglise et de l’Etat, c’est aux autorités de l’Eglise qu’il revient de seconder les autorités civiles pour que les lieux et les réunions de culte ne deviennent pas un foyer de propagation de la maladie. Le pape lui-même a suspendu ses apparitions publiques afin d’éviter les rassemblements de foules.

On semble insinuer dans diverses prises de position que certaines mesures de santé publique heurteraient notre devoir de charité. Mais personne n’a dit, que je sache, qu’on ne pouvait plus organiser des démarches de prière collective, ni fournir le secours aux malades, l’assistance aux mourants et la sépulture aux défunts, ou qu’il faudrait se détourner de Dieu ou se dérober à son semblable.

Il est vrai que, dans certaines régions d’Italie, face à la propagation fulgurante du virus, les évêques ont interdit la célébration de messes publiques. Je suppose que c’est une mesure transitoire, appelée à être levée rapidement.

J’entends dire qu’il ne faut pas se focaliser sur le coronavirus car il existe d’autres dangers pour la santé comme la grippe, l’alcool et le tabac. Cependant, il faut savoir qu’il existe un vaccin contre la grippe, et pas contre le coronavirus, et que tant l’alcoolisme que le tabagisme ne se transmettent pas par la toux.

J’ai lu quelque part que « l’église n’est pas un lieu à risque, mais un lieu de salut ». C’est vrai sur le plan spirituel mais pas sur le plan médical. On peut attraper un rhume dans une église mal chauffée … et un coronavirus. Car dans un lieu de culte circulent des virus et des bactéries, comme partout. Il convient donc de faire ce qui est raisonnable pour éviter que l’église ou les célébrations liturgiques entraînent un danger pour la santé publique. A ce titre, il me semble que les mesures préconisées par les évêques de Belgique sont conformes au bon sens : suppression de l’eau bénite et du baiser de paix, et communion dans la main.

Après avoir communiqué ces mesures il y a quelques jours en public, quelqu’un m’a dit qu’il continuerait de communier sur la langue, « parce qu’on ne peut pas tomber malade en recevant le Corps du Christ ». Il est possible que le Seigneur, dans sa providence ordinaire, veille à ce que la communion sur la langue ne soit pas un vecteur de contagion. Mais il ne faut pas tenter Dieu et si des mesures de bon sens peuvent limiter ce danger, il faut les prendre : « Aide-toi et le ciel t’aidera ».

« Un chrétien ne craint pas la mort » ai-je lu quelque part, en référence à l’épidémie. C’est encore un excellent rappel, mais il ne faut pas oublier non plus le cinquième commandement de la Loi de Dieu qui nous enseigne que « la vie et la santé physique sont des biens précieux confiés par Dieu. Nous avons à en prendre soin raisonnablement en tenant compte des nécessités d’autrui et du bien commun » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 2288).

Stéphane Seminckx est prêtre, docteur en médecine et en théologie. Cet article a fait l’objet d’une correction le 11-3-20.