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Dix conseils pour célébrer Pâques

14 mars 2011

Le Carême vient de commencer. Comment nous préparer au mieux à Pâques, la plus grande fête de l’année liturgique ?

 

 

1. Le Carême est un temps de conversion. Tâchons de cultiver la disponibilité d’esprit et de cœur pour nous convertir. Ce texte du cardinal Ratzinger peut nous aider à comprendre ce que cela signifie : «  Le mot grec pour “se convertir” signifie : repenser, remettre en question son propre mode de vie et le mode de vie ordinaire ; laisser entrer Dieu dans les critères de sa propre vie ; ne plus juger uniquement selon les opinions courantes. Se convertir signifie par conséquent : ne pas vivre comme tout le monde vit, ne pas faire ce que tout le monde fait, ne pas se sentir justifié dans des actions douteuses, ambiguës ou mauvaises par le fait que les autres font de même ; commencer à regarder sa propre vie avec les yeux de Dieu » [1]. La conversion s’obtient par la pénitence, la prière et les œuvres de miséricorde .

2. Pénitence : la plus belle des pénitences est une bonne confession. L’Eglise nous demande de confesser nos péchés au moins une fois par an  [2], et nous recommande de le faire en préparation à la fête de Pâques. Pour nous convaincre de faire cette démarche, il est bon de contempler l’immense miséricorde de Dieu, telle qu’elle nous apparaît par exemple dans la parabole du fils prodigue ( Lc 15, 11-32). En référence à cette parabole, on raconte de Jean-Paul II qu’un jour, dans une réception officielle avec le corps diplomatique, il fut abordé par l’épouse d’un ambassadeur, qui lui dit : « Saint-Père, cela fait des années que mon mari ne se confesse pas ! » . Le pape, qui s’était déjà quelque peu éloigné, revint sur ses pas, regarda l’ambassadeur dans les yeux et lui dit, plein d’affection : « Il fait froid dehors, reviens à la maison, confesse-toi ! » . Nous convertir, c’est retourner à la maison du Père.

3. Pénitence : la pénitence est aussi « mortification ». L’étymologie de ce mot nous rappelle que, pour ressusciter avec le Christ, il faut mourir — littéralement : « nous faire mourir » — avec Lui. Comme le dit saint Paul, il nous faut nous dépouiller du « vieil homme et de ses œuvres » afin de « revêtir l’homme nouveau », qui est le Christ ressuscité (cf. Col 3, 10-11). L’Eglise nous demande de jeûner le Mercredi des Cendres et le Vendredi Saint  [3]. Concrètement, cela veut dire que, ces deux jours-là, les chrétiens âgés de 18 à 60 ans sont invités à prendre un seul repas complet. Les femmes enceintes sont dispensées du jeûne.

4. Pénitence : à part ces deux journées de jeûne, le Carême est l’occasion, comme dit Saint Paul, de porter « toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps » ( 2 Co 4, 10). La meilleure mortification consiste à réaliser au mieux, avec beaucoup d’Amour de Dieu, nos tâches ordinaires, et à nous donner aux autres. On peut aussi se renoncer en vivant mieux la tempérance : manger un peu moins de ce qu’on aime et un peu plus de ce qui ne nous plaît pas, réduire la consommation de vin ou de bière, fumer moins, etc. On fait alors l’expérience de se sentir plus léger, pas simplement sur le pèse-personne, mais dans son cœur, parce qu’il est libéré de certaines attaches, semblables aux sacs de lest qui freinent la montgolfière dans sa montée.

5. Pénitence : il y a d’autres servitudes plus modernes qui sont autant de poids qui entravent la libération du cœur. Pensons au courrier électronique, à Facebook , à Twitter , aux SMS, à Internet, à la télévision, à l’ordinateur. Autant d’instruments très utiles mais que le Carême peut nous aider à remettre à leur juste place, en réduisant leur usage ou en y renonçant de temps en temps. On note alors que le cœur et l’intelligence sont plus ouverts à la prière et à la réflexion. Et l’on constate aussi qu’il nous arrivait parfois de communiquer pour communiquer, sans avoir rien à dire…

6. Prière : comme toujours, c’est la liturgie qui nous permet de participer aux mystères de la vie du Christ. Bien nous préparer à Pâques, c’est donc bien vivre la liturgie. Tout le mystère du passage de la vie à la mort du Christ est actualisé dans l’Eucharistie. Le pape Benoît XVI, dans son message pour le Carême 2011, nous offre une splendide méditation sur les textes de l’Evangile des différents dimanches de Carême. Parmi ces textes, le récit de la Passion du Seigneur occupe bien évidemment une place centrale.

7. Prière : il n’y a pas de conversion sans prière, sans le dialogue intime avec Dieu notre Père, avec Jésus, avec l’Esprit-Saint. La prière est la forge où notre cœur est travaillé par la grâce du Christ pour se purifier, guérir, se transformer, se convertir. Tâchons de réserver tous les jours un moment — idéalement un temps fixe, ce qui nous aide à être constants — pour parler avec Dieu, près du Tabernacle, ou dans le secret de notre chambre. Beaucoup de chrétiens profitent du Carême pour faire une retraite.

8. Œuvres de miséricorde corporelles. Elles sont au nombre de sept  [4] : donner à manger à ceux qui ont faim, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, loger les pèlerins, visiter les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Notre cœur guérit et se purifie lorsqu’il redécouvre le don de soi aux autres, lorsqu’il s’identifie au Cœur de Jésus, qui est venu, « non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » ( Mt 20, 28).

9. Œuvres de miséricorde spirituelles. Elles sont également au nombre de sept  [5] : conseiller ceux qui doutent, enseigner ceux qui sont ignorants, réprimander les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes importunes (eh oui !), prier Dieu pour les vivants et les morts. Il s’agit de ne plus vivre pour nous-mêmes, mais pour les autres, avec le cœur constamment en veille pour les besoins des autres.

10. Renouveler les promesses du baptême : lors de la veillée pascale, nous serons invités à renouveler les promesses de notre baptême. Ce sacrement nous a fait entrer dans la foi, dans l’Eglise, dans la vie de la grâce, à travers le mystère pascal, le passage de la mort de l’âme à la vie nouvelle de la grâce. Le baptême suppose un engagement et un appel à être saint, à vivre du Christ au point de pouvoir dire, comme saint Paul : « si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » ( Ga 2, 20).

Stéphane Seminckx est prêtre, docteur en médecine et en théologie.

[1] Joseph Ratzinger , La nouvelle évangélisation , dans Dcath, numéro hors-série : Cardinal Joseph Ratzinger. Discours et conférences. De Vatican II à 2005 , n. 1, 2005, pp. 90-91.

[2] Cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique. Abrégé , p . 269 (« Les cinq préceptes de l’Eglise »).

[3] Cf. ibidem (en Belgique, l’abstention de viande a été supprimée).

[4] Cf. ibidem , p. 269.

[5] Ibidem .